Ces dernières années, la photographie à l’Inventaire a opéré un tournant majeur. Les nouveaux projets entrepris depuis la décentralisation des services de l’Inventaire en Région ont permis, en Île-de-France, de réfléchir à des problématiques spécifiquement photographiques et de les expérimenter par une série de réalisations nouvelles.
Sur cette période donc (2007-2014), la mise en place des diagnostics patrimoniaux et l’émergence de nouveaux objets patrimoniaux, notamment immatériels, ont été l’occasion, pour les photographes, de questionner leur pratique de la photographie et de faire des propositions qui ont, in fine, étendu leur champ d’intervention. En 2011, une note sur Photographie et diagnostic patrimonial a synthétisé ces nouvelles orientations qui sortent du champ strict des études d’inventaire, en deux types de projets photographiques : la photographie de territoire et la carte-blanche photographique.
Cette réflexion, reprise dans le nouveau projet de service, fonde désormais la pratique régionale en matière photographique.
Si la photographie de territoire reste une photographie documentaire dont les contraintes spatiales et temporelles ont été adaptées aux diagnostics patrimoniaux, la carte blanche photographique est l’avancée majeure en termes de photographie de ces dernières années. Il s’agit, pour les photographes, selon un protocole qu’ils ont eux-mêmes élaboré, de rendre compte, par l’image, du territoire d’Île-de-France. Cette autonomie nouvelle révèle une prise de conscience de la nature profonde de la photographie à la fois œuvre et document. Cette juste compréhension de ce que peut la photographie (et de ce qu’elle ne peut pas) permet de la mettre pleinement au service de l’action régionale en faveur du patrimoine, que ce soit dans le dialogue avec le texte au sein des études patrimoniales ou de façon plus autonome dans des projets plus spécifiquement photographiques (Persistance/Mutations, Rue de Paris, La ligne imaginaire de métro de Pantin à Aubervilliers, ou l’approche paysagère de l’industrie ou du périurbain)
Productrice d’un vocabulaire enrichi du territoire par l’image, elle se veut force de proposition originale et construite dans l’approche des problématiques régionales.